« Panique chez Google et les autres Frankenstein de l’IA »


Le PDG de Google, Sundar Pichai, lors d’une conférence à Mountain View, en Californie, le 10 mai 2023.

Ce vendredi 2 juin au matin, Alphabet, la maison mère de Google, tient son assemblée générale annuelle sous format virtuel. Comme d’habitude, des actionnaires demanderont plus de transparence sur les algorithmes du moteur de recherche, tandis que d’autres tenteront, sans grand succès, de faire modifier les règles de vote, qui accordent la majorité des droits aux deux fondateurs alors qu’ils ne possèdent que 12 % du capital.

Sundar Pichai, le PDG, écoutera d’une oreille distraite ces combattants de la démocratie actionnariale, car il a l’esprit ailleurs. Lui veut parler d’intelligence artificielle (IA). M. Pichai détaillera la réponse de son entreprise et les formidables opportunités que va offrir l’introduction de ces fonctions intelligentes à son service de recherche.

Afin d’accélérer la cadence, pour rattraper son retard sur Microsoft et ChatGPT, le groupe a décidé, en avril, de fusionner ses deux entités de recherche en IA. La sienne propre, intitulée Google Brain, et celle qu’il a achetée en 2014, DeepMind.

Potentiels innombrables concurrents

Basée à Londres, cette dernière, fondée et dirigée par Demis Hassabis, avait jusqu’à présent toute latitude dans ses recherches et pour dépenser autant d’argent qu’elle le souhaitait. L’indépendance est finie, même si M. Hassabis prendra la tête de l’ensemble, et la fusion avec les Californiens ne sera pas de tout repos.

Mais l’irruption de l’IA pose des défis bien plus grands à Google et ses concurrents. Le premier est éthique. Tels le docteur Victor Frankenstein du roman de Mary Shelley, les géniteurs prennent soudain peur de la créature qu’ils ont engendrée. Désormais, les spécialistes du monde entier, y compris les créateurs de ChatGPT, et même Sundar Pichai, alertent sur le risque d’un véritable tsunami de fausses informations et de manipulation prêt à déferler sur le monde et demandent une régulation des usages.

Le deuxième défi est existentiel pour Google. Un récent mémo anonyme d’un employé de la firme soulignait le risque pour son entreprise, comme pour Microsoft, d’une dissémination des outils de fabrication d’une IA par le biais de l’open source. Apparaîtraient alors d’innombrables applications spécialisées, non contrôlées et menaçant la domination des géants américains, notamment celle du moteur de recherche. Une tempête philosophique et économique aux allures de révolution.



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